Antoine Guillaume et la magie de Noël en chansons… au théâtre [Interview]

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Noël est en avance cette année ! Dès la fin d’Halloween, les vitrines des commerçants ont été décorées de boules et de guirlandes. Alors, allons-y : parlons du spectacle qui succédera à « Cherche l’amour » de Myriam Leroy au Théâtre de la Toison d’Or d’Ixelles. Après tout, il ne faut jamais trop tarder pour réserver comme nous l’a montré le spectacle actuellement à l’affiche. Pour le retour des fêtes, Antoine Guillaume célèbre les grands classiques de Noël, autrefois chantés par Dean Martin, Bing Crosby ou Nat King Cole ! On les a tous écoutés un après-midi d’hiver au coin du feu, le chat sur les genoux et les enfants dehors, la langue tirée pour avaler les flocons de neige… Et même si la neige est devenue radioactive, la magie des chansons est toujours là !

 

Comment est né ce spectacle de Noël pour le TTO ?

C’est moi qui ai proposé l’idée et il avait déjà été programmé la saison dernière. J’ai toujours baigné dans cette culture américaine qui fête Noël à fond, et de ses tours de chants très classiques qu’on se passe sur CD en Europe. Les gens n’ont pas l’habitude de les entendre durant des concerts et j’ai eu cette idée. Le spectacle ayant fonctionné l’année passée, nous avons décidé de le reprogrammer. Nous rempilons donc pour deux dates (9 et 10 décembre 2016, NDLR).

A votre grand regret ? Vous auriez aimé une semaine entière ?

Non, non, ce n’est pas à mon grand regret. C’est juste lié à des possibilités de production et de disponibilité du lieu. Pas toujours facile de débloquer des dates juste avant Noël. Mais j’aurais beaucoup aimé me produire durant une semaine. Qui sait, ce serait peut-être pour une prochaine fois ? Je suis partant pour plusieurs saisons ! agassume_002_jpohl

Vous êtes la Mariah Carey de Bruxelles. Elle a décidé d’exploiter son catalogue de Noël et ces concerts spéciaux fonctionnent plus que ses concerts de nouvelles chansons. Ce sont des rendez-vous très prisés à New-York ou Londres.

La dernière fois que je suis allé à New-York, Hugh Jackson proposait une série de concerts pas spécialement de Noël mais ils étaient programmés pendant la semaine de Noël. A Broadway, ils ont The Rockettes, un gigantesque spectacle qui se joue durant un mois, et ça m’a donné l’envie. J’ai une attache particulière à cette fête.

D’autant que vous vous étiez déjà inspiré de Broadway pour « Antoine Guillaume assume » en 2010. Le public a-t-il été réceptif ? Vous avez pu récolter quelques avis l’année passée ?

Je crois que c’est un format de spectacle qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir. Beaucoup de gens adorent cette période de l’année car c’est avant tout du partage, des retrouvailles avec la famille. Même les gens qui ont peu de contact avec leur famille privilégient la période de Noël pour se retrouver. Les concerts de l’année passée avaient un peu cette humeur. Les gens se retrouvaient pour un moment agréable durant un moment du mois de décembre… et ils ont retrouvé les chansons de CD qu’on avale au coin du feu avant la dinde. Les commentaires étaient positifs car je pense que les gens s’attendaient à des variétés, mais on a fait ça de manière très cosy. On a fait comme si on était une grande famille qui se réunissait, mais on ne pouvait pas distribuer de la dinde à tout le monde !

Qui sait, qui sait… A Nathalie Uffner, rien d’impossible ! Et quid du feu sur scène ?

On a hésité à mettre une cheminée sur le plateau mais on a déjà un sapin, d’énormes cadeaux et une décoration qui rappelle celle des grands talk-shows américains. Et puis, un feu de cheminée, ce n’est pas possible dans un théâtre. Mais on se disait aussi qu’on pouvait mettre une cheminée avec un feu sur images pré-enregistrées.

Avec lunettes 3D distribuées à l’entrée alors ! On ne vous a plus vu dans une pièce du TTO depuis « Rire please » en septembre 2015. Qu’avez-vous fait depuis ?

J’ai longtemps été occupé par la tournée de « Cabaret » produit par le Théâtre Le Public et le Théâtre National. Je suis aussi occupé avec la télévision et la radio. Et puis, j’ai monté un spectacle sur l’histoire de Broadway pour le Théâtre Le Public. Sans oublier la reprise de « Boeing Boeing » dans un célèbre château de Karreveld de Molenbeek cet été. Par ailleurs, je fais aussi de la mise en scène et notamment pour des mouvements chorégraphiés pour le spectacle « Chaplin » actuellement à l’affiche au Théâtre Royal du Parc. Mais je reviens à la fin de la saison culturelle au TTO. On va bientôt commencer les répétitions de la comédie « Pyjama pour six » qui sera programmée au printemps.

Un retour aux pièces à grand budget avec plusieurs intrigues dans une seule comme « Boeing Boeing » ?

C’est ça. C’est le même auteur en plus ! « Pyjama pour six » est une pièce de grand boulevard avec tout ce que cela a de noble dans la manière de le formuler. C’est la pièce des quiproquos par excellence et ça commence dès le lever du rideau. Jusqu’à la fin, les spectateurs vont se demander comment les personnages vont se dépêtrer de la situation. Et, évidemment, il y aura plein de coups de théâtre car il y a des amants et des maîtresses pour tout le monde. Ce sera loufoque et ça partira dans tous les sens.

antoine-guillaume-studioEt le café-théâtre du TTO ?

J’ai coaché les nouveaux comédiens dans « En vous remerciant »… cette année ?

L’an dernier, en novembre 2015.

C’est marrant comme le temps passe. Cette année, d’autres portes s’ouvrent. Mes projets n’ont pas fait l’unanimité auprès de tous mais ce n’est pas grave. En tout cas, je souhaite déjà « Joyeux Noël » à tout le monde puisque les magasins ont été complètement timbrés cette année. C’est déjà Noël depuis septembre, non ?

 

Interview > Luigi Lattuca

Photos > Julien Pohl

Julie Zenatti : « Le mélange des cultures est une richesse » [Interview]

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A 35 ans, Julie Zenatti chante toujours et termine actuellement une longue tournée entamée en 2014. Avant de dévoiler son nouveau projet, Méditerranéennes, elle se confie par téléphone.

Vous donnez encore quelques concerts dans les prochains jours. Qu’est-ce qui différencie cette tournée de la précédente ?

Les chansons sont d’abord nées sur scène avant d’être dévoilées sur un disque. Ça change énormément le rapport au public et l’énergie scénique. Face à un CD qu’on ne connaît pas, on est dans une émotion différente et l’artiste a envie d’émouvoir, d’être au plus juste d’une émotion afin de créer une histoire et de la faire partager. Cela fait maintenant deux ans que je suis en tournée et je me rends compte maintenant que les gens se sont appropriés les chansons car, depuis, l’album et ses singles principaux sont sortis et ont eu le temps de se faire connaître. J’ai pu vivre la gestation des chansons et ensuite la réception à travers cette tournée. Les gens ont été fidèles et au rendez-vous.

Avec une grosse major derrière soi, cela aurait-il été plus contraignant ? Les grands artistes populaires n’ont presque pas ce luxe… ou alors ils font une exception pour les festivals.

Oui, il y a plusieurs emplois pour les chanteurs. Les indés se font plus découvrir à travers les festivals à thématiques et leur public est très, très curieux. Et puis, on a les artistes qui passent plus à la télé et pour qui la scène est la cerise sur le gâteau, et non le gâteau. Elle vient après, c’est la récompense après de bonnes ventes et des singles bien identifiés. Avec mon dernier album, mon équipe et moi avons réussi à créer une vraie curiosité. Le pari était de faire venir le public dans les salles pour découvrir un disque pas encore sorti. Et puis, aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent de faire découvrir les choses en avant-première, en amont. Du coup, on suscite une curiosité qui pousse les gens à se déplacer. Je pense que la musique est un métier d’artisan qui vaut le coup quand on monte sur scène. Bon, concevoir un disque, c’est génial… mais ce n’est pas là qu’on se met, entre guillemets, en danger. julie-zenatti-215x300

La réception du public est donc bel et bien vivante et vous comble ?

Oui sinon ça ne ferait pas deux ans qu’on ne se promènerait pas un peu partout avec cet album. Au départ, on avait programmé 5 ou 6 dates en espérant plus. Et le bouche-à-oreille a fait son travail ! Il y a bientôt deux ans, fin novembre 2014, c’était la première date.

 

« Un artiste plus populaire a droit à la scène après de bonnes ventes.

J’ai inversé la tendance pour mon dernier disque. »

 

Tournée la plus longue de votre carrière alors ?

D’habitude, c’est toujours très concentré sur un même temps et la particularité de celle-ci est d’avoir grandi jour après jour. On a tracé un vrai petit chemin, ville après ville pour passer un peu partout. Grosse satisfaction pour moi et les musiciens de pouvoir vivre ça.

Et avez-vous été invitée à découvrir la nouvelle mouture de la comédie musicale qui vous a révélée, Notre-Dame de Paris ?

Si je suis disponible pour la première (qui a lieu le 23 novembre, NDLR), bien sûr j’irai avec plaisir, évidemment. J’ai hâte de voir dans le rôle d’Esméralda car j’adore la voix d’Hiba Tawaji, et de revoir Daniel Lavoie qui parraine un peu cette nouvelle troupe.

 

« Un nouveau disque sortira en mars 2017. »

 

Quels sont vos autres projets ? Qu’est-ce qui vous attend à présent ?

Un nouvel album commencera à se dévoiler dès ce 18 novembre 2016. C’est un album un peu particulier nommée Méditerranéennes car je collabore avec plusieurs artistes : Rose, Samira Brahmia, Sofia Essaïdi, … Le premier extrait est un duo avec Chimène Badi et il commencera son petit bonhomme de chemin le 18 novembre. Le disque, lui, est normalement prévu en mars 2017. Il rend hommage aux cultures méditerranéennes et à tous ces peuples qui ont voyage, migré et qui se sont rencontrés. Ces peuples qui font les belles couleurs de la France. Ce pays est une belle culture mélangée. J’aime bien dire qu’on vient tous de quelque part et quand on commence à faire le chemin en arrière, on se rend compte à un moment que nous nous sommes peut-être croisés au bord de la Méditerranée…

A l’heure où le concept d’identité revient en force sur le devant de la scène…

julie-zenatti_01_bd-239x300Oui, je me suis étonnée moi-même car j’avais germé l’idée de ce disque il y a presque un an et je percevais une certaine froideur à son encontre. On me disait que ça allait peut-être être un peu compliqué de mélanger les langues et de revendiquer l’identité. Mais, à travers cet album, je n’en revendique pas une. Je rends juste hommage à une culture ayant beaucoup apporté au monde occidental. L’idée est de raconter l’histoire telle qu’elle est, et de fédérer. Je veux qu’on voit l’autre comme un ami car il ne faut pas que des minorités extrêmes deviennent la majorité. Mais j’avoue que ça a été difficile de monter ce projet. Des copines-chanteuses ont accepté, elles se sont fédérées au fur et à mesure et l’énergie de ces personnes a fait le reste pour partager ce message de tolérance, de paix et surtout de richesse. Le mélange des cultures est avant tout une richesse.

Interview > Luigi Lattuca

 

  • En cette fin 2016, des concerts encore à Binche (Belgique) dimanche 27 novembre, à Brunoy le vendredi 2 décembre, au Casino de Jonzac le 17 décembre,
  • Puis à la  salle Charles Trenet de Chauvigny le 28 janvier 2017 et à Epernon (28) – Salle des Prairiales le samedi 4 février 2017.

Découvrez Petosaure : « Nous formons un trio dévastateur ! » [INTERVIEW]

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Rencontre à Saint-Germain-des-Prés, avec un nouveau groupe musical : Petosaure. Bientôt à nouveau en concert à Paris, ils semblent chargés d’inspiration. C’était leur tout premier entretien avec la presse pour leur premier album : Le Fantôme de l’Enfant.

Musique très « cold électro », assez organique, pénétrante et vivante au programme du jeune portfolio auditif de Petosaure. Ça palpite, ça donne envie de bouger, d’aimer et de violence ; ça peut donc toucher différents types de personnes. Et cela, c’est plutôt réjouissant. Autour d’une boisson en terrasse, rencontre avec les membres du groupe :

  • Petosaure, le chanteur donnant son nom au groupe,
  • Krispy Krust (Don Coco), percussions et vidéos,
  • Meunier, production, qui a été quasiment muet lors de notre rencontre.

Ils confient d’entrée de jeu que nous sommes le premier média à les interviewer. Let’s go !

Tout d’abord, d’où vient le nom de votre groupe ?

Petosaure : Petosaure est le nom de mon plus ancien ancêtre connu. Il était l’époux de l’unique sœur d’Attila le Hun et un de ses plus proche conseillers. Il a mis a feu et à sang une grande partie de l’Asie Occidentale après l’enlèvement et le meurtre de sa femme. Et ce, avec seulement deux acolytes. Leur ruse et leur force sans comparaison leur permettaient à trois de rivaliser avec des armées de 300 soldats. Peu d’écrits parlent d’eux. Mes parents possèdent encore une dizaine de parchemins, récits de son histoire.

Pour faire court : Petosaure était un roi sorcier assoiffé de vengeance. Son bras droit, un assassin insaisissable du nom de Munihar. Son bras gauche une brute gigantesque, Krespekraut. J’aime penser qu’il s’agit de mon bon Meunier et de mon cher Krispy Krust. Et que nous reformons tous trois un trio aussi dévastateur que celui de mon ancêtre et de ses compagnons.

« Pourquoi nous mettre
des limites et des contraintes ? »

 

Vous faites partie de la “culture bidouilleuse” de l’underground, non ?

Krispy Krust : Pourquoi nous mettre des limites et des contraintes ? Je pense qu’il faut tout faire exploser.

Petosaure : Exactement, nous sommes pour le fait de déranger les gens. Nous aimons l’impertinence et l’insolence. Il y a clairement une provocation dans nos gênes et qui, je pense, est dans le sang de presque chaque artiste. Nous, nous avons pris le parti de ne pas simplement exister dans le monde musical mais également de déranger les gens, de les bousculer. Il faut de l’irrévérence.

Vous faites aussi référence à votre nom ?

Petosaure : Parfaitement. Le nom du projet est un test. Si vous vous y arrêtez, c’est que vous êtes un pauvre con qui devrait arrêter d’écouter de la musique. Si cela vous empêche de passer notre musique par vos médias, quittez ce milieu, vous n’êtes qu’un de ces sceptiques obsédés du packaging qui pourrissent ce système. On nous demande souvent de changer le nom. Ça ne se fera pas et si il fait chier les gens, c’est avec plaisir.

« La musique de Petosaure a pour vocation
d’appuyer sur nos plaies béantes »

 

Comment définiriez-vous votre musique ?

Petosaure : Petosaure ne peut se classer dans un style particulier. Disons qu’il s’agisse de chanson française puisque nos paroles sont en français. Hormis cela, nous jouerons la musique qui nous plaît. S’il devait s’avérer que demain nous voulions jouer du zouk ou de la trap, nous le ferions avec la même énergie sombre et distinguable.

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Vous bousculez aussi le public avec votre visuel. Cela semble très important pour vous ? La pochette de l’album Le Fantôme de l’Enfant évoque la peinture, les barbouillis et on perçoit du Francis Bacon.

Nous n’avons pas pensé à lui, ce n’est pas un clin d’œil mais cela aurait pu. Notre visuel est uniquement réalisé par une artiste incroyable, une amie à nous, Jaky La Brune. L’idée serait de distribuer physiquement notre album lors d’un happening commun où elle exposerait ses œuvres et nous notre musique. Ce serait trop génial. C’est une très grande envie.

Le visuel comme les titres de l’album insistent sur la peur et la violence interne à chacun…

Petosaure : Nous sommes tous pareils avec des tares et des fêlures immondes. Si la musique de Petosaure n’a pas de message à délivrer, elle a au moins pour vocation d’appuyer sur nos plaies béantes, d’y mettre du sel et du vinaigre, pour que les gens s’interrogent sur eux même et qui sait peut être que leur laideur pourrait finir par leur plaire.

« On ne joue que la musique
que l’on aime profondément »

 

Vous êtes montés sur scène avec un artiste réputé « génie fou » et iconoclaste, Nicolas Ker.

Petosaure : Oui, le 14 octobre au Batofar pour sa première partie. Nous avons déjà beaucoup joué en Europe sans être Petosaure. Là, on est parti pour une aventure absolument étonnante, nous en sommes convaincus.

Dans quel sens ? Ce sera un partage massif d’émotions avec le public ? On sent votre bouillonnement créatif et on se demande donc si vous n’allez pas profiter du net pour balancer un tas de morceaux qui doivent dormir sur vos disques durs externes.

Krispy Krust : Oui, pourquoi nous en priver ? On est tellement convaincus que ce qu’on fait est génial qu’on a envie de le partager avec les autres. On ne joue que la musique que l’on aime profondément. Si elle est assez bien pour nous, elle l’est pour le reste du monde.

Interview > Luigi Lattuca

  • Le premier album de Petosaure, Le Fantôme de l’Enfant, a été enregistré et mixé en début d’année. Masterisé par Vincent Hervineau, il est disponible sur la plateforme digitale Bandcamp depuis juin 2016 via le label indépendant La Souterraine.
  • TRACKLIST de l’album Le Fantôme de l’Enfant :1- La Rose et le Revolver
    2- La Gorge du Diable
    3- Love Viseur (feat. Weerdo et Jaky Labrune)
    4- La Traversée
    5- Sa Silhouette
    6- La Cigale
    7- La Plage (feat. N. Horbacz)
    8- Pantagruel
    9- Roiseau
    10 – Docile Amie
  • Concert le 30 novembre 2016 au Motel (Paris, France) – 20 à 23h.

Bruno Madinier et Davy Sardou présentent « Les Vœux du Cœur » à Bruxelles [Interview]

Sympathiques et souriants, les deux comédiens étaient de passage à Bruxelles pour une intense journée promo le 2 novembre 2016. En décembre, ils seront au Centre Culturel d’Auderghem pour une semaine de représentations. Pour moi, ils évoquent « Les Vœux du Cœur » née après le vote de la loi sur le mariage pour tous, le monde du théâtre, la dictature des réseaux sociaux et leurs projets.

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Bienvenue à Bruxelles. Combien de fois êtes-vous déjà venus ici ?

Davy Sardou : C’est ma 3ème fois à Auderghem. Une fois, j’avais joué aussi au Cirque d’Hiver.

Bruno Madinier : C’est ma 3ème fois également et j’ai aussi tourné un film à Bruxelles pendant un mois une fois. C’était « Tombé sur la tête » avec Michèle Bernier où nous avons bouclé quelques scènes extérieures dans Paris sur deux jours avant de mettre le cap sur la Belgique car c’était une co-production belge.

Davy Sardou : On a fait passer Paris pour Bruxelles ? Étonnant.

Bruno Madinier : Oui. Il suffit de trouver des intérieurs intéressants et le tour est joué ! J’avais aussi tourné des scènes d’une série sur Napoléon en Pologne.

Et puis, la France est plus chère…

Bruno Madinier : C’est plus cher, crédits d’impôts et tout ça (rires). Avec une co-production belge, il y a des subventions et des crédits d’impôts. Il y a aussi toute une vague de tournages il y a longtemps en Roumanie, République Tchèque, etc.

Vous avez d’abord présenté « Les Vœux du Cœur » à Paris mais commencer par une tournée, ça vous est déjà arrivé ?

les-voeux-du-coeur-afficheBruno Madinier : Oui, ou par une seule ville de province comme Lyon, oui.

Davy Sardou : Je l’ai déjà testé également. Commencer par une tournée est très confortable. Non pas que Paris est plus difficile que la Province mais la création est presque différente. Le public est peut-être plus ouvert… Y a des régions de France, de Belgique et de Suisse qui sont réellement très accueillantes.

Bruno Madinier : Et puis, il y a beaucoup trop de spectacles à Paris ! (Il se penche vers le dictaphone) Beaucoup, beaucoup trop ! (rire)

Davy Sardou : Et avec deux spectacles qui se suivent dans certains théâtres, on est dans un formatage terrible alors qu’on touche quasiment à la création absolue sur scène. On formate le cerveau ou c’est lui qui s’adapte au cerveau ? A        une époque, on pouvait se concentrer sur un livre très long alors que maintenant les éditeurs dictent la longueur des chapitres !

Bruno Madinier : Si les gens sont passionnés par ce qu’ils font ou ce qu’ils entendent, le temps n’a aucune importance. Par contre, si c’est un peu chiant, le temps a de l’importance.

Davy Sardou : C’est le fameux théorème d’Einstein : « Asseyez-vous à côté de la femme que vous aimez pendant une heure et ça vous paraîtra une minute. Mais si vous mettez une main sur une poêle à frire, ça vous paraîtra une heure. »

« Des hauts membres de l’Eglise catholique se sont déplacés, des associations d’homosexuels catholiques, des associations qui étaient contre le mariage, … La pièce n’est pas là pour donner des leçons et désigner qui a tort et qui a raison. »

DAVY SARDOU

Davy, dans la pièce « Les Vœux du Cœur », vous incarnez un homosexuel et la pièce a été lancée juste après le vote sur la loi autorisant les personnes de même sexe à se marier en France. Ça a fait du bruit ? Des comités anti-mariage sont venus ?

Davy Sardou : On les a invités pour faire avancer le débat ! La pièce est arrivée après le vote de la loi et l’animosité urbaine avait déjà eu lieu. A l’époque où ça a démarré à Paris, ça s’était calmé après le très grand débat de société organisé. Des hauts membres de l’Eglise catholique se sont déplacés, des associations d’homosexuels catholiques, des associations qui étaient contre le mariage, … La pièce n’est pas là pour donner des leçons et désigner qui a tort et qui a raison. Elle est plus sur l’engagement – tous les personnages sont tiraillés – que sur l’autorisation de se marier quand on aime quelqu’un du même sexe que soi.

Bruno Madinier : L’argument de départ, c’est le mariage pour tous mais la question centrale est de savoir ce qu’on va faire pour respecter son engagement et à quoi doit-on faire face pour le maintenir vis-à-vis de quelqu’un ou de sa religion ? Doit-on sans cesse persister dans ses choix ou les adapter ?

Davy Sardou : Dans la pièce, une femme indépendante et courageuse réalise un certain choix de vie et tombe amoureuse de quelqu’un à l’opposé de ses convictions, ce curé ayant choisi Dieu mais s’interroge lui aussi.

Etes-vous croyants ?

Davy Sardou : Oui, je le suis. Croyant mais pas pratiquant, ou du moins à ma manière.

Bruno Madinier : Moi, je ne sais pas…

Davy Sardou : C’est une belle réponse (rires).

Bruno Madinier : Mais on aimerait tous que ça marche derrière (rire).

Davy Sardou : Pas mal de personnes sont assez pragmatiques et vivent très bien avec ça.

Bruno Madinier : Mais, en même temps, même s’il n’y a rien après, la religion a un rôle dans la société qui est de transmettre théoriquement des valeurs positives même si pas mal ont été détournées au cours du temps et de l’histoire. Elles sont mêmes devenues des engagements politiques ! Si elles arrivent déjà à diffuser des valeurs dans la société, pourquoi pas. Ça a un impact positif. Lorsqu’on a joué la pièce au Théâtre La Bruyère en 2015, des gens de tous horizons sont venus nous voir et la pièce a provoqué pas mal de discussions animées après. Pas mal de gens catholiques m’ont confié qu’elle avait amené pas mal de sujets sur la table lors de dîners et qu’elle les avait animés ! La pièce est divertissante mais fait réfléchir une fois sorti de la salle.

« Des gens m’ont avoué avoir pleuré lors de la dernière scène… »

BRUNO MADINIER

C’est d’ailleurs pour ça que vous avez été choisis par le Centre Culturel d’Auderghem !

Davy Sardou : Effectivement, la pièce a parlé à André, le directeur. Non seulement, c’est très bien écrit – et nous sommes bien placés pour en parler car on l’a joué plus de 100 fois  – mais par ailleurs, c’est un vrai parti pris. Et le théâtre est fait pour ça ; c’est un vecteur social et actuel.

Bruno Madinier : Lors de la dernière scène, je prononce un sermon. Des gens m’ont avoué avoir pleuré à ce moment-là !

Davy Sardou : Et puis, beaucoup de gens peuvent se dire « Je ne suis pas concerné car pas croyant et pas homosexuel donc pourquoi j’irais ? »… mais la réalité de la pièce fait qu’on s’y retrouve. On parle surtout du sentiment humain de s’engager dans quoi que ce soit. La pièce va cueillir les spectateurs qui viendront : ils vont se retrouver et être touchés par des personnages qui, au naturel, ne seraient pas proches d’eux.

Bruno Madinier : La pièce ne tranche pas et représente tous les points de vue à travers ses quatre personnages. Par exemple, un homosexuel est totalement en rébellion et l’autre s’interroge sur son abstinence très mal comprise par son compagnon.

En regardant la liste des villes par lesquelles vous êtes passés ou par lesquelles vous allez passer, certaines sont-elles aux mains du FN qui a du mal avec ces sujets ?

Bruno Madinier : Ce n’est pas une énorme tournée alors que c’est un spectacle avec une très bonne presse. Je pense que le sujet a fait peur à plein de villes. Les directeurs de théâtre ont eu peur pour de mauvaises raisons. Tout en ayant aimé la pièce, ils se sont demandé ce qu’allaient penser les habitants de leur ville. Or, le spectacle n’est pas pesant et fait beaucoup rire.

Davy Sardou : C’est pour ça qu’il faut rendre hommage à André, le directeur du Centre Culturel d’Auderghem. Il prend des spectacles engagés qui font peur à beaucoup de villes. Dans n’importe quel parti politique, on ne sait pas quoi faire avec certaines thématiques importantes.

Bruno Madinier : C’est pour ça que le théâtre est important, c’est un endroit d’engagement avec des paroles d’auteurs importantes. Si on ne laisse partir en tournée que du vaudeville, on rabaisse le niveau général de l’offre théâtrale.

Davy Sardou : … qui est important aussi. On a beaucoup besoin de ça aussi en se divertissant grâce à des pièces légères mais il faut faire la part des choses : proposer du divertissement et de la réflexion… comme André à Auderghem.

Beaucoup de théâtres bruxellois ont opté pour une saison humoristique cette année après les attentats à Paris et Bruxelles.

Davy Sardou : Bien sûr et on comprend car on constate, nous aussi, à Paris que les spectacles comiques sont ceux qui fonctionnent le plus.

Bruno Madinier : Pas que ! Je suis allé voir Edmond au Palais Royal d’Alexis Michalik qui n’est pas une comédie pur jus et qui cartonne quand même.

Davy Sardou : Mais en tournée, on voit beaucoup de comédies pures…

Bruno Madinier : Elles ne sont pas dangereuses… J’ai un discours militant par rapport à la qualité qu’on offre. C’est important de conserver de la qualité dans le théâtre privé, il ne faut pas toujours aller vers la facilité. On peut rencontrer le succès avec un spectacle au niveau un peu plus épais.

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Et à propos de votre public, allez-vous parfois lire la presse du net qui compte de plus en plus ?

Davy Sardou : On fait très attention à cela car il y en a beaucoup et puis, c’est un excellent moyen de faire du bouche-à-oreille plus que les critiques. Les gens parlent de nous à une tablée ou vont déposer un petit mot gentil ou méchant sur internet s’ils n’ont pas aimé. Pour moi, ça s’apparente plus à une espèce de livre d’or qu’à une critique artistique. Mais il faut aussi se préserver de cela…

Bruno Madinier : On a eu des billets sur des blogs.

Davy Sardou : Et puis, eux ont l’espace et peuvent s’épancher. La place au théâtre dans la presse est assez restreinte. Les gens ne viennent pas vous dire qu’ils n’ont pas aimé après le spectacle mais on a les bons retours directement après une pièce donc, finalement, à quoi bon aller sur le net ? Et il y a un contact avec les comédiens que les gens apprécient… A Auderghem, j’ai vécu des rencontres formidables.

Pousser les comédiens à aller voir le public après une pièce, c’est tendance à l’heure des réseaux sociaux ?

Bruno Madinier : Chacun fait comme il veut et c’est pareil pour les réseaux sociaux. Le cinéma créé de l’appétence par la distance alors que la télé essaie de créer de la proximité tout le temps alors que ça ne sert à rien. Il faut aussi créer un peu de distance pour que les gens aient envie. Je suis très partagé là-dessus.

Davy Sardou : Tout va très vite. Ce qui marque le plus les gens sont les artistes qui font partie des meubles et qui ont donné beaucoup pour créer des souvenirs. Ils ont marqué les gens, ces derniers ont tellement de souvenirs par rapport à leur carrière et pas par rapport à leurs images personnelles sur le net. Et il y avait moins d’occasions de rencontrer les vedettes !

Bruno Madinier : C’est compliqué le rapport au public, on ne peut pas être accessible tout le temps. Comme tout le monde a désormais un smartphone, vous êtes en représentation permanente et c’est chiant. C’est une dictature. Je vous donne un exemple : j’ai croisé un mec l’autre jour et il était accompagné de sa famille. En parlant très fort, il leur a dit : « Vous avez vu, c’est l‘acteur de machin ! ». Je me retourne pour dire bonjour et, presque offusqué, il leur dit : « On voit qu’il n’aime pas nouer contact rapidement. »

Davy Sardou : On vient de donner une interview radio et on s’interrogeait sur le fait de se faire filmer pendant qu’on parle dans un micro-radio. A 8h du matin, on doit donc se faire maquiller pour se faire filmer afin de retransmettre cela à la télé ou sur le net.

Après toutes ces réflexions, que pouvez-vous nous dire sur vos projets ?

Davy Sardou : Après les ultimes représentations des Vœux du Cœur, je démarre mi-novembre les répétitions d’Hôtel des deux mondes, une pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt avec sept autres comédiens. Elle arrive en janvier 2017 au Théâtre Rive Gauche.

Bruno Madinier : J’ai aussi un projet théâtral mais non signé donc j’en parlerai plus tard. Rien à l’horizon concernant la télévision ou le cinéma mais ça pourrait arriver à tout moment.

La question qui vous a poursuivi, c’est « à quand Dolmen 2 » ?

Bruno Madinier : Ce fut une erreur de ne pas le faire. Les auteures ont sorti un nouveau bouquin et il y avait donc matière.

On disait que TF1 a demandé qu’on réécrive plusieurs fois et aurait jeté l’éponge au bout de la 4ème fois à peu près.

Bruno Madinier : Ah bon ? C’est bien dommage…

 

Interview > Luigi Lattuca 

 

 

LA TOURNÉE « Les Vœux du Cœur » encore à :

• à PLAISIR (région parisienne) le jeudi 10 novembre 2016

• à SALON DE PROVENCE (13 ) le Jeudi 1er décembre

• à DOUAI (59) le lundi 5 décembre

• à CANNES le samedi 10 décembre

• à BRUXELLES, au Centre Culturel d’Auderghem, les mardi 13, mercredi 14, jeudi 15, vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 décembre.

Véronique Genest : « Julie Lescaut manque plus au public qu’à moi… » [Interview]

De passage à Binche, Véronique Genest pétillait toujours autant. Interview exclusive entre la salade et la soupe.

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Portrait craché, pièce débutée en janvier à Paris, était de passage unique chez nous vendredi dernier. Explosions de rire nombreuses avec Véronique Genest (et Julien Cafaro de Camping Paradis) qui se régale et rêve de prolongations infinies. « Ca marche du tonnerre et à Binche, c’est complet depuis longtemps. », nous dit-elle après une séance de dédicaces de 20 minutes (ci-dessus) et avant de plonger dans le menu du restaurant où elle nous a demandé de la suivre. « C’est plutôt sympa de faire ça ici, non ? » Mais, hélas, elle perd son sourire quand elle évoque l’annulation d’une dizaine d’autres dates. « Un tourneur belge est venu nous voir à Paris et a trouvé que ça criait trop. Je suis dégoûtée de rester si peu longtemps chez vous. On ne va même pas à Bruxelles, c’est insensé ! Les Belges, qui réclament la pièce sur Facebook, sont le meilleur public, avec les Suisses. Deux publics tellement présents pendant qu’on joue. Je profite de cet entretien pour alerter les programmateurs de votre pays ! » Elle garde d’ailleurs la main mise sur la bouteille de bière posée sur la table pour la ramener à son mari diplômé de Philosophie à Uccle.

 

« Si je devais tomber amoureuse aujourd’hui ? Il aurait 80 ans. »

 

RENDEZ-VOUS AVEC FRANCE 3

Si on peut revoir Véronique Genest par chez nous, c’est surtout car Julie Lescaut a pris fin. Fini les tournages de dernière minute rajoutés par TF1. « Actuellement, je tourne quand je veux et je peux prévoir des tournées de pièces, j’adore ça. »

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Mais à quand de nouveaux rôles télé ? « Bientôt, bredouille-t-elle mystérieuse. J’écris beaucoup et j’ai envie de proposer une mini-série qu’un auteur m’a envoyée à France 3 avec qui j’ai eu des critiques sublimes sur La Bonne Dame de Nancy. J’espère aussi que le public me verra au cinéma. » Mais Véronique Genest serait-elle partante pour une nouvelle série à la Julie Lescaut ? « C’est le rôle qui dicte l’envie de tourner. Si j’en ai un joli qui m’amuse, je ne serais pas contre de tourner 3 ou 4 épisodes par an. Mais tous les rôles sont les rôles de mes rêves. » Et quand on apprend qu’elle trouve Matt Pokora très beau, on lui propose de se réinventer en cougar. « Je vais finir l’interview maintenant (éclat de rire) ! Oh non, je ne veux pas. Si je devais aujourd’hui choisir un mec, il aurait environ 80 ans car je n’ai jamais supporté d’être la plus vieille. »

« JULIE LESCAUT ? ON EN AVAIT FAIT LE TOUR. »

Celle qui restera l’éternelle Julie Lescaut pour le grand public ne semble, en tout cas, pas du tout nostalgique de son ancien rôle : « J’avais quasiment 30 balais quand je l’ai accepté. Après 101 épisodes en 22 ans, je pense qu’on en a fait le tour et je n’avais plus envie des mêmes choses. Les filles de Julie avaient grandi et changé et les scénarios n’étaient plus aussi inventifs. C’était mieux de s’arrêter en plein succès.» Mais elle cite toujours, avec des étoiles dans les yeux, ses audiences de l’époque (8 à 9 millions), celles que TF1 essaie sans doute de retrouver aujourd’hui malgré l’arrivée de la TNT. Elle ne mâche en tout cas pas ses mots sur les fictions d’aujourd’hui : « On se croirait dans Nous Deux parfois, non ? Il faut plus d’innovation, de beaux projets atypiques comme Breaking Bad. Les Américains n’ont pas ce problème. » A elle de lancer le Breaking Bad français alors !

 

© Luigi Lattuca pour La Dernière Heure

 

 

Myriam Leroy : « Je ne pense pas être quelqu’un de cynique ! » [Interview]

ok-kpt6109 Myriam Leroy arrive au Théâtre de la Toison d’Or. Pour soutenir des comédiens ? Oui, les siens. Ou plutôt ceux qui servent son texte, SA pièce. La première en l’occurrence : « Cherche l’amour » qui débute ce jeudi 27 octobre à 20h30. Le but ? Montrer que l’offre amoureuse made in 2016 devrait nous satisfaire – comme le rayon des chips chez Cora – mais qu’en fait, cela est plus difficile. Les études les plus sérieuses montrent, en effet, que l’ultra-choix a plutôt tendance à paralyser le consommateur. Et les analyses les plus fines peuvent aussi prouver que Myriam Leroy est faite de cynisme (regardez sa timeline Twitter !) alors qu’en fait… elle avoue que non ! Rencontre un lundi matin dans la grisaille bruxelloise.

 

Cette pièce pour le TTO est-elle une commande assez libre ou le thème fut-il imposé d’emblée ?

Nathalie Uffner, directrice du théâtre, m’a proposé d’écrire une pièce et elle avait envie d’un truc romantique, de parler d’amour et d’une aventure dans laquelle chacun puisse se projeter. On connaissait toutes les deux la série anglaise « Date » où des personnages sont filmées dans une conversation in-extenso sans montage et ça parle de rendez-vous amoureux. Ça nous a bien botté ! Ça m’a bien inspiré de pouvoir montrer des gens dans leurs conversations, montrer ce qu’ils cherchent et qu’ils veulent. Nathalie m’a conseillé de creuser là-dedans et je lui ai proposé une série de neuf scénettes où on voit des rendez-vous : des premiers, des derniers et organisés via des réseaux sociaux ou des applications comme Tinder ou AdopteUnMec.

Cette pièce a été nourrie par tout ce que vous avez pu entendre de la bouche de vos amis, à l’instar des scénaristes de feu « Sex and the City » ?

Tout à fait, j’ai absolument pillé les histoires de mes amis ! Je me suis nourrie des histoires qu’on me racontait car je n’ai, pour ma part, jamais fréquenté ces sites même si je les trouve fascinants. Et puis, j’ai assisté aux récits de leurs déconvenues amoureuses. Mon constat ? C’est extrêmement cruel. Les relations amoureuses sont, aujourd’hui, de plus en plus cruelles à cause de la démultiplication de l’offre et la peur de manquer quelque chose. Il y a une angoisse qui tenaille tout le monde à l’idée de louper plein d’autres histoires même si on est en couple. On  a l’impression qu’on peut choisir toutes les caractéristiques du catalogue mais ce dernier n’est qu’une auto-fiction, une mise en forme du réel pas réelle du tout justement. Cela explique les nombreuses déceptions. Mais ce n’est pas une pièce désenchantée. Elle va notamment montrer que sur base d’accidents, on peut se rencontrer !

On sait que vous aimez le cynisme et que vous l’êtes vous-même assez…

Moi, je ne trouve pas (rire) !

Non ? Pas un peu sarcastique ? Mais ce genre d’humour permet de dire des choses vraies. Vous trouvez l’époque très cynique ?

Oui, je trouve mais je n’ai vécu que mon époque donc que dire sur les autres ? Quoique… « Madame Bovary » est encore d’une actualité déconcertante. C’est le jeu social qui est cynique, en fait. Je crois que si je suis cynique, c’est juste en réponse à la cruauté du monde environnant. Je n’aime pas tellement les gens sans cesse cyniques au 1er degré, je ne trouve pas ça très intéressant. Ce qui est sûr, c’est que la pièce a des accents et des élans d’amertume mais j’essaie de faire en sorte que ça se termine bien car je suis, malgré tout, profondément romantique. J’ai envie que la pièce se termine bien mais ce n’est pas parce que les premières rencontres qu’on verra se terminent bien que tout se passera bien après. C’est comme dans les contes de fée finalement… La fin n’est que le début et la tragédie arrive ensuite (rire) !

Donc ce sera une pièce avec de l’introspection ?

Les personnages n’en feront pas mais leur introspection se dessine en creux dans ce qu’il montre. C’est une sorte de jeu de dupes, un bal masqué où les gens essaient de montrer qui ils sont mais pas trop, de prendre des risques mais pas trop… tout en étant très bavards. Il y a énormément de texte et les comédiens ont beaucoup à apprendre mais ils sont excellents. Je ne me fais absolument aucune frayeur à ce niveau-là.

Cela vous donne envie d’être comédienne ?

Je crois que je serai une piètre comédienne car incapable de jouer autre chose que moi-même. Je sais me jouer, jouer mes propres émotions mais pas quelqu’un d’autre. C’est vraiment un métier et les comédiens de la pièce me rappellent à chaque instant qu’on ne s’improvise pas dans le métier.

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Avez-vous participé au choix des comédiens ?

Oui, j’en ai discuté avec Nathalie. Elle me les a imposés entre guillemets car je ne les connaissais tout simplement pas ou juste une partie de leur travail. Nathalie est une formidable directrice d’acteurs et à la première lecture, j’ai été convaincue que c’était le bon choix pour tous. A titre personnel, je souhaitais avoir Myriam Akheddiou que je trouve très fine, très subtile et très sensible. Je suis ravie qu’elle soit là ! Je connaissais le travail de Pierre Poucet qui est hyper drôle, doux et très subtil sur plein de registre différents. Nous avons aussi Marc Weiss que j’avais découvert dans une série télé où il ne pouvait pas démontrer tout l’étendu de son talent et là, il est assez stupéfiant. Et puis Sandy Duret que je ne connaissais pas du tout. Nathalie Uffner a découverte cette nana complètement étonnante dans un café-théâtre. Et l’alchimie prend entre tous ces comédiens qui ont chacun 4 personnages à interpréter. C’est un sacré boulot de transformiste !

Ca fait vraiment référence au fait qu’on peut être une personne différente selon les applications utilisées.

Bien sûr. Et aussi selon la personne face à soi, ça détermine le ton de la relation.

C’était vraiment un sujet dont il fallait se saisir étant donné le nombre hallucinant d’inscrits sur les applications. Les personnes qui ont créé ça doivent dormir dans des draps en or.

Oui, c’est clair ! Et puis, ces applications ont le charme désuet de la petite annonce amoureuse ayant toujours existé. Finalement, ce n’est pas si nouveau que ça.

Mais les annonces ne contenaient pas de photo… Et on devait attendre alors que des applications fonctionnent aussi par repérage, géolocalisation.

Oui (rire). Qui peut consommer là à l’instant T sur le marché sentimental ? C’est très pragmatique.

Vous citiez une série britannique tout à l’heure. C’est une écriture qui vous plaît ?

Oui, je l’aime beaucoup et la trouve hyper moderne. En ce moment, je découvre les épisodes de « Fleabag », nouvellement diffusée sur la BBC. Mais c’est impossible à pitcher car c’est juste la vraie vie d’une vraie fille d’une trentaine d’années assez handicapée des sentiments à cause d’une famille qui l’est tout autant. Elle navigue de relation en relation et c’est extrêmement moderne. Ça peut avoir l’air trash sur papier alors qu’en fait, pas du tout. Pendant une scène, elle se masturbe devant un discours de Barack Obama. Sur papier, j’aurais soupiré mais à l’écran, ça sonne hyper juste. Donc je trouve qu’il y a de plus en plus de personnages féminins de séries qui sont très intéressants, épais et ressemblant aux filles qu’on rencontre tous les jours.

Des points de départ audacieux comme dans cette série que vous citez ou comme dans Jane The Virgin qui part tout sur la virginité et l’insémination artificielle, ne viendraient jamais de la France…

Non, c’est clair. J’estime les Français assez à la traîne dans le domaine des séries télé. Miraculeusement, la Belgique est en train de tirer son épingle du jeu en ce moment et ça fait du bien de voir à l’écran des personnages se parlant comme on se parle dans la vraie vie. Et c’est ce que j’ai essayé de faire dans la pièce : faire dialoguer mes héros de façon crédible et qui nous font penser à des gens qu’on connaît même si j’aurais pu tendre vers le kitch et le monstrueusement drôle, vers l’archétype, … Mais, en fait, la vie est toujours plus dingue que la fiction. C’était important pour moi qu’on puisse croire à ces personnages. Le rire n’est pas nécessairement une fin en soi même si j’espère qu’il sera présent et que les gens passeront un bon moment.

N’oublions pas que c’est souvent pour cela d’ailleurs que le TTO va vers certains auteurs !

Il y a, bien sûr, une ligne éditoriale au TTO, on peut essayer de la transcender mais il faut la respecter. J’ai essayé de respecter ses fondamentaux mais je voulais aussi donner de vraies émotions, les faire grincer des dents, et pas livrer quelque chose de monolithique. En outre, je voulais livrer des sous-propos que je ne souhaitais pas voir dénaturés et ça a été respecté. Le texte n’est pas du tout sacré et les comédiens en font ce qui veulent, le malaxer comme ils le sentent.

Et faire rire, c’est plus difficile que d’émouvoir ?

C’est clair. On pleure tous pour les mêmes choses… ou alors on a de sacrées névroses. On pleure tous sur le même tempo : une rupture amoureuse, la mort d’un proche, … Ciseler un truc comique m’impressionnait beaucoup car c’est plus subtil. On rit de choses différentes et quand Nathalie m’a demandé d’écrire quelque chose, je me suis longtemps dit que c‘était peut-être un peu trop difficile pour moi.

Il y avait une pression du style « Il y a meilleur que moi » pour une perfectionniste comme vous ?

Non, je n’ai pas essayé de me mettre une pression de ce type-là. Rien n’a été pompé sur quoi que ce soit et il y aura toujours certainement mieux ailleurs. Il faut s’affranchir de cela sinon on ne fait plus rien. On reste comme le chat impressionné par les phares d’une voiture.

D’ailleurs, avez-vous d’autres projets de théâtre ?

Non, non (rire). Je poursuis mes activités habituelles et j’ai quelques projets à venir mais pas suffisamment construits pour en parler. Après, la VRAIE pièce à écrire serait « Trois ans plus tard… » ou bien « Sept ans plus tard… ». Pourquoi pas ?

Et vous vous verriez écrire sur quels autres sujets ?

Je trouve que le monde du travail et de l’entreprise est une sortie de microsociété soumise à pas mal de violences, de pression et de cruauté donc ce serait intéressant de produire quelque chose dessus. Ecrire une série ou une pièce tragique ou shakespearienne, même si nous avons The Office, m’intéresserait.

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Interview réalisée par Luigi Lattuca,

Photos prises par Dorian Lohse.

Tribune : « La culture populaire est vecteur de Beauté ! » (gloire à Bob Dylan)

LA CHANSON PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE !

(Tribune de Roger BERTOZZI, conseiller et analyste stratégique pour les questions relatives au Climat et à l’Environnement)

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« Très grande joie à l’annonce du Prix Nobel de Littérature 2016, d’abord pour le lauréat, le magnifique Bob Dylan, mais aussi, et avec force, pour la reconnaissance ainsi donnée, enfin, à la chanson, part intégrante de notre patrimoine littéraire. L’Académie Nobel a loué à juste titre dans son communiqué la poésie de Bob Dylan. Or, la poésie, dans les temps les plus antiques, était indissociable du chant. La poésie grecque, par exemple, est née comme incantation.

Il est extraordinaire qu’il a fallu attendre 2016 pour que le Prix Nobel couronne un chanteur ! Qui ne sait qu’en tous lieux et en tous temps, du cante hondo au ragtime, de la variété au rock, des clubs cubains au rap marseillais, nombreux furent et sont les paroliers, les chanteurs-compositeurs, les artistes de scène dont les textes atteignent les plus hauts niveaux de l’intensité poétique et de ce que nous nommons par conventions la beauté littéraire ? Ce glorieux et joyeux Nobel à Bob Dylan couronne aussi tous ceux qui par leurs chansons ont enchanté et enchantent nos âmes. Et n’oublions pas que pour des millions de jeunes la chanson est le premier accès, parfois le seul accès, à la littérature et à la poésie, c’est à dire à la parole habitée par l’âme et incarnée dans un style. Je vois d’ici venir ceux que ce Prix pour du folk, pour du « populaire » choquera. Il ne faut pas s’y attarder, certains conservatismes sont de simples aveuglements, et le meilleur moyen d’y répondre c’est de ne pas les voir !

Je me souviens que même le très prestigieux Pascal Quignard avait dû faire face à une bronca pour son Goncourt octroyé à des recueils de fragments, et non au sacro-saint roman ( au mépris et de l’art du fragment et du testament des frères Goncourt qui instituèrent leur prix pour toute oeuvre de fiction, et les pensées sont des fictions, indépendamment du genre ). Et puis il y aura sans doute la complainte des thuriféraires de la culture savante. Dieu sait mon amour de la culture savante et de l’érudition ! Mais comment imaginer que l’amour de la culture puisse nourrir le désamour pour telle ou telle forme de culture, et non pas cultiver en nous une plus grande capacité de goûter universellement à la variété merveilleusement infinie des pratiques et des formes culturelles ? La culture populaire est vecteur de beauté et ferment de communion, elle remplit la noble fonction thaumaturgique et initiatrice de tous les arts, elle accompagne les vivants dans les méandres de la destinée et elle fait vivre les morts dans le coeur des restés… N’est-ce pas là la fonction immémoriale de la Poésie dans ses multiples incarnations humaines ? Alors je salue le Poète Dylan et tous ses frères de scène, je félicite l’Académie Nobel pour son choix avisé et je prie tous les grincheux de nous épargner leur chanson ! »

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2012 : Bob Dylan in Los Angeles.

Cap 48 : de l’effervescence comme jamais !

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La grande soirée du Cap 48 a réuni, ce 9 octobre 2016, un très beau plateau de stars sensibles à la cause. Et au final, l’opération a récolté 5.552.026 euros de dons!

Grosse effervescence dans les coulisses de Cap 48 hier soir à Liège. « Comme on en a rarement vu »,entend-on dans les couloirs. Il faut dire que les invités de la soirée ont tous une actualité bien chargée. C’est ce que confie Jenifer à Jean-Luc Reichmann : « J’ai débarqué complètement à l’ouest ce matin. » Eh oui, tout comme Amir (qui ne perd jamais son sourire), elle participait hier – jusque tard – à la finale de The Voice Kids saison 3.

Parrain Jean-Luc accro à son smartphone

L’animateur star des Douze coups de midi avait, lui, l’air d’un poisson dans l’eau, s’amusant à filmer tout ce qu’il pouvait en compagnie de Jean-Louis Lahaye. « Je suis ravi d’être le parrain de cette édition, nous confie-t-il dans sa loge décorée de chocolats Galler. Confirmez-moi : c’est bien belge ? En tout cas, je sens que je pourrais prendre la double nationalité, moi ! J’ai tenu à inviter l’un de vos compatriotes et toute sa famille : Damien, l’un des derniers grands Maîtres de Midi ! » Avec une sœur handicapée et la publication d’un livre nommé « T’as une tâche, pistache !« , le credo de Jean-Luc Reichmann est clair : toujours aller de l’avant.

Les Grands du Rire

Jean-Luc Reichmann Reporters / Marlyse Press Photo

Jean-Luc n’a pas hésité à interrompre le tournage de sa série Léo Matteï, brigade des mineurs pour venir à Liège, où se déroulait l’émission de la RTBF. « J’ai sillonné, en tant que 12.001e bénévole, Liège en car et je me suis posé pour goûter les boulets, la bière et le chocolat. Puis, Slimane m’attend pour la suite de ma série, c’est notre prochain guest. Comme d’habitude, vous verrez l’épisode en primeur avant nous, les Français. »

Des médailles à l’honneur

Julien Doré (en concert à Forest National le 12 mai 2017) était présent pour la première fois et avoue que le handicap fut lourd à gérer dans sa famille :« C’est particulier à accompagner. Un retard énorme a été pris au niveau des pouvoirs publics pour assurer aux handicapés un rythme de vie normal. C’est presque inexcusable. » On le sent touché et ému, lui qui a ce grand amour pour la Belgique : « J’ai énormément d’affinités avec les gens d’origine belge. Mon nouvel album a été réalisé avec un véritable ami qui est l’un de vos compatriotes. Il m’a aussi épaulé pour la réalisation du clip du Lac.« 

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Du côté sportif, Michèle George et Joachim Gérard, les champions paralympiques de Rio, étaient présents pour partager leur expérience et leurs espoirs. La première, médaille d’argent pour l’équitation, a été opérée à plusieurs reprises et a trouvé d’autres moyens d’égayer son quotidien : « Je ne sens plus mon pied gauche, l’équilibre n’est plus au top mais si la lumière ne vient pas du soleil, elle arrivera d’une petite étoile.« 

Positive attitude aussi pour Gérard, coincé dans une chaise roulante mais malgré tout médaille de bronze simple hommes en Tennis : « J’ai conscience d’être un modèle qui peut vivre de ses activités dans le tennis. » Des exemples qui n’auront donc pas besoin de l’hypnose de Messmer qui devait, hier, jouer avec l’imaginaire du public en vue de toujours battre ses records en séance d’hypnose. « Le Guinness Book est assez sévère et voudrait vérifier avec des casques mais quand je suis face à 600 personnes, impossible ! Je ne serai jamais dedans ! »

Quant au groupe Puggy, il devait rouler à vélo la tête vers le bas et Maria Del Rio (RTL) avait accepté d’être enfermée dans une black box. Un bel élan de solidarité de gens connus et d’autres moins connus qui mettent de côté les différences tout en la célébrant pendant une soirée où les dons font toujours avancer la particularité de l’émission se terminant toujours par un score qu’on espère supérieur à celui de l’an dernier… Une recette pas facile mais agréablement réussie cette année. Pour preuve : le compteur a encore explosé ! Bravo à tous.

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Luigi Lattuca pour La Dernière Heure

Le portrait chinois de Laurence Bibot

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Entre « Bibot debout » (seule-en-scène) et « Bibot et Guiz se testent », Laurence est très occupée. S’il ne reste apparemment plus de places pour le second, le premier est à redécouvrir ce vendredi 23 septembre au Kings of Comedy Club de Bruxelles (Chaussée de Boondael).

Si vous étiez… une couleur ?

Le rouge. On ne peut pas rater le rouge, c’est un signal chaud.

Une saison ?

L’été pour la lumière et la chaleur. Et puis, c’est une saison plus rigolote.

Un accessoire ?

Des baskets. Avec la pilule et les antibiotiques, ça fait partie des inventions majeures ! J’adore porter des talons mais je n’ose pas à cause de ma taille.

Une tenue pour glander ?

Pieds nus, ça, c’est sûr, et pratiquement en culotte et marcel. A mon âge, c’est pathétique mais bon…

La chanson qui tourne en boucle dans votre iTunes ?

Je change très souvent toute ma play-list. C’est entre les années 50 et 70. L’an dernier, j’écoutais surtout « Funky Chicken ». Ça venait de sortir, ce sont des morceaux groove belges des années 70. On ne devine absolument pas que c’est de chez nous.

Un film ?

« Blanche-Neige » car c’était le premier film que je suis allée voir au cinéma. Mais les autres enfants dans la salle me tapaient sur le système.

Un livre ?

« L’Arabe du futur » de Riad Saatouf.

Une photo ?

Un paysage urbain de Massimo Vitali.

Un site ?

Wikipedia, évidemment. C’est indispensable.

Un compte Instagram ?

Je ne sais même pas ce que c’est…  bibot_guiz

Un doudou, un gri gri ?

Un Parker rose.

Un moyen de transport ?

Le tapis volant. J’aimerais tellement que ça existe.

Ce que vous avez toujours dans votre sac ?

Des Chokotoff.

Un tic, une manie ?

Je commence très souvent mes phrases par « Non ».

Un goût ?

Je serais le mélange sucré/salé. Le sel sur les fruits, par exemple.

Un artiste ?

Je serais Walt Disney. Il a transformé le monde à son image.

Un cadeau à vous-même ?

Je me prive assez peu, je sais me faire plaisir. Je dirais peut-être grand-mère plus tard. L’un des avantages de vieillir, c’est de transmettre.

Une ennemie ?

L’impatience

Votre dernier geste avant d’aller vous coucher ?

Je vérifie que mon smartphone est en mode « silencieux ».

Votre premier geste quand vous vous levez ?

Ben, je regarde l’heure.

Une crasse ?

Des frites du McDo.

Un mec ?

Mon mari.

Une fille ?

Calamity Jane ou une autre femme aventurière.

Un plaisir coupable ?

Ne regarder que des séries pendant tout un week-end.

La dernière photo prise avec votre smartphone ?

C’est une photo de ma télé. On parlait de l’homme sans chapeau dans une église en Arménie pendant le discours du Pape. L’image a fait le tour du net. En général, ce sont des photos qui ne font rire que moi.

 

Luigi Lattuca

GiedRé : « Je n’irai jamais corriger quelqu’un qui se trompe sur moi.» [Interview]

18 - GiedRé-2La fofolle – mais rationnelle – GiedRé était à Ronquières le premier week-end d’août. A l’opposé du feu qui l’animait sur scène, elle évoque avec moi – et dans les rires – la scène, son contrat avec la FNAC, la mort et ses séries préférées. La belle Lituaniene en est déjà à son cinquième album. Parmi ses titres les plus emblématiques : « On fait tous caca », « Grand-mère », « Toutes des putes » et, évidemment, « Pisser debout ». Des textes forts car anti-politiquement corrects présentés sur scène à Bruxelles dans une semaine et en décembre à Liège.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Contente de revenir à Ronquières une seconde fois ?

Oh oui, c’était trop bien il y a deux ans et je suis, du coup, bien contente de revenir. L’accueil est super mais c’est la spécialité de la Belgique. C’est vraiment toujours un plaisir de venir jouer ici.

Quelle serait la différence entre le public belge et français ?

Oh, c’est une bonne question. Je crois que le public belge est, de manière générale, un peu plus généreux et il encourage plus. Il est d’emblée chaleureux. Parfois, peut-être que le public français attend avant de juger. Ça dépend peut-être des régions. Ici, vous devez être fiers d’être l’un des pays les plus généreux ! Non ?

Oh oui ! Ça vous fait quoi maintenant d’être distribuée dans de grandes enseignes, vous qui avez signé avec la FNAC…

Ouais ! J’ai réussi à garder mon indépendance car je suis toujours en auto-production et pas sur un contrat de maison de disques. Je n’ai donc pas l’impression que ça dénature quoi que ce soit… Cette distribution est surtout un moyen plus pratique de rentrer dans la maison des gens. Si j’avais pu, j’aurais continué à vendre mes albums sur mon site et à mes concerts mais au bout d’un moment, ça devenait très compliqué (rire). Aller à la Poste avec de gros sacs à dos trois fois par jour, euh… (rire) C’est donc plus un côté pratique. Même si on entre dans le populaire avec la FNAC, je pense qu’il faut garder un côté artisanal quand on est artiste. Il faut que ces deux mots se mélangent.

Et la  FNAC le fait…

Oui, voilà et ça c’est qui est cool. C’est finalement juste une plateforme pour que des gens indépendants comme moi ou d’autres comme Patrick Fiori se retrouvent côte à côte sur la même étagère. Moi, je trouve ça plutôt rock’n’roll. Ça me fait rire.

Vous soignez aussi votre look, si tant est qu’on aime ce mot. Vous vous verriez créer des choses dans la mode ?

C’est drôle, on ne m’avait jamais posé cette question ! La mode en soi ne m’intéresse pas du tout mais alors pas du tout… C’est une industrie qui me dérange car je pense qu’elle a juste été créée pour accroître le côté consumériste de notre société. Pour reprendre votre mot, le look, je trouve qu’en tant qu’auto-décoration, les vêtements et accessoires sont très intéressants. En fait, on se décore et on choisit sa décoration pour se montrer aux autres.

Et il y a toujours cette frontière entre « être soi », cette dictature du « soyez-vous-même » et la création du personnage quand on est un artiste. Et c’est parfois utile si on a besoin d’un masque pour monter sur scène. Ça ne vous dérange pas qu’on dise parfois de vous que vous êtes un personnage ?

En général, ce qu’on dit de moi ne me dérange pas forcément car les gens ont le droit d’avoir l’avis qu’ils veulent et l’analyse qu’ils souhaitent. Ça leur appartient et je n’ai rien envie d’imposer à personne. Je n’irai jamais corriger quelqu’un qui se trompe sur moi car ça voudra dire que je lui ai montré quelque chose qui a induit ça. Dans l’absolu, je m’en fous. Mais je ne vois pas ma carrière comme la présentation d’un personnage. Quand on est en représentation, la seule chose qui change, c’est qu’on va choisir ce qu’on va montrer de soi. C’est plus artificiel que la vie. En ce sens, je pense que tous les gens montant sur scène choisissent à un moment de montrer ceci ou cela. Par exemple, la chanteuse spécialisée dans les chansons d’amour va se dire que pleurer, avoir un brushing à paillettes et une belle robe longue serviront le plus ses chansons et son univers. Ce sera ce côté d’elle qu’elle estimera cohérent à montrer au public. On est déjà pas la même personne le matin, le midi ou le soir ou quand il fait froid ou chaud. Et puis, le « soyez-vous-même » est tellement en Une des magazines féminins en même temps que le « Comment perdre 5 kilos avant l’été »… C’est assez marrant d’être soi et en même temps pas trop grosse, avec les ongles faits, sans poils et surtout pas célibataire !

« On fait plus de choses avec des ovaires qu’avec des couilles ! »

Vous pensez aux plus jeunes générations en vous disant que c’est difficile d’être une femme aujourd’hui ?

Je pense qu’il faut arrêter de penser que c’est dur d’être une jeune demoiselle. Il faut leur dire que c’est cool d’avoir des ovaires et qu’on fait plus de choses avec ça qu’avec des couilles (rire). C’est comme pour tout : si on se dit que c’est difficile et qu’on est une victime, tout sera toujours difficile et tout sera vu avec embûches. Je ne me suis jamais considérée par rapport à mon sexe. Je ne me suis jamais dit qu’en étant une fille, je devais montrer ça sur scène.

Mais vous aimeriez pisser debout de temps en temps…

Mais si j’avais été un homme, j’aurais aimé pisser assis ! Je trouverais que c’est cool de se faire porter ses sacs parce qu’on a un décolleté, de ne pas payer ses PV parce qu’on a mis une jupe, … Je parle de ce que je connais mais je pense que je me dirais que je suis un homme qui ne rentre également pas dans le stéréotype de l’homme modelé par la société. Tout ceci est absurde.

A propos d’être, si demain vous deviez arrêter la musique pour une question X ou Y, vous vous verriez faire quoi ?

Je ne sais pas… Je ferais pousser des courgettes ou des tomates.

« Si je savais que je n’allais jamais mourir, je passerais ma vie dans mon canapé à regarder des séries. »

Comment voyez-vous l’avenir ?

L’avenir ? Oh, je ne le vois pas et heureusement (rire). Si on sait déjà où on va, on a envie d’aller ailleurs, non ?

En ce sens, l’immortalité vous intéresserait-elle si demain on la mettait au point ?

Oui car la mort est la seule chose à nous faire peur dans la vie et en même temps non car elle fonctionne comme un moteur. Si je savais que je n’allais jamais mourir, je passerais ma vie dans mon canapé à regarder des séries (éclat de rire).

Et vous regardez quoi ?

Oh, j’en regarde plein. J’adore les séries, c’est ma passion. En ce moment, je regarde une série très vintage : « Parks And Recreation ». C’est un peu comme « The Office »… Très absurde et ça me fait beaucoup rire. La mort nous pousse donc à faire des choses avant.

Il est l’heure de clôturer. Au revoir et bonne cohérence, bons choix artistiques quels qu’ils soient ! Dans le fond, c’est un métier très égoïste, non ? Faire ce qui nous plaît et espérer que le public suive ?

Ça, c’est dans le meilleur des cas. Mais faire les choses pour que ça plaise aux autres, c’est se tromper de chemin. Il ne faut plus avoir peur de ne plus être aimé. J’espère que si un jour j’ai envie de faire de la new-wave en espagnol ou du rap allemand – alors que je ne le parle pas – j’espère que j’aurai suffisamment de mauvais orgueil pour le faire sans avoir peur que d’être aimé. Les gens ont ce droit.

Interview > Luigi Lattuca

GiedRé en concert en Belgique à :

  • Bruxelles/La Madeleine (1er octobre)
  • Liège/Réflektor (10 décembre)

 

Galerie photos > Jérémie Piasecki